Réalisation Ariel Laforge
Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Stanislas d'Haese
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 7 juin 2014
Né le 20 février 1936 à Grammont, ville flamande de Belgique, fils jumeau du juge Albert D’Haese et d’Élisabeth Van Trimpont, lesquels auront 10 enfants, Stanislas d’Haese grandit dans le fracas de la Seconde Guerre mondiale. L’angoisse des années vécues sous l’Occupation a creusé de profondes cicatrices. Les privations permanentes engendreront plus tard un père soucieux d’assurer à ses deux enfants un perpétuel Krakelingen, carnaval annuel du craquelin de Grammont, patrimoine culturel immatériel de l'humanité depuis novembre 2010.
Après Grammont et Schorisse dans la Flandre orientale, le jeune étudiant belge arrive en Wallonie, au pensionnat de Tournai. Depuis longtemps, il sait n’avoir d’autre choix que de suivre la voie tracée inlassablement sur sa table à dessin : les arts visuels et, peut-être pour y rejoindre son jumeau, la traversée de l’Atlantique. Un passage obligé par Montréal, avant de troquer définitivement la colline de Grammont contre le Mont-Jacob de Jonquière. Le fjord l’emporte sur le plat pays de Jacques Brel qui n’a pas su retenir l’artiste de Flandre «Avec ses cathédrales pour uniques montagnes et de noirs clochers comme mâts de cocagne.»
Sculpteur, peintre, maître du vitrail, décorateur de théâtre, enseignant en arts visuels, tous les chemins que fréquente Stanislas mènent aux rencontres importantes de sa vie. Notamment sa compagne de toujours, Madeleine Gauthier qui, comme lui, enseigne et se passionne pour les arts de la scène. Puis Ghislain Bouchard, le grand ami dont il sera le complice attitré de nombreuses aventures théâtrales et caritatives. Des opéras bouffes à La Fabuleuse histoire d’un royaume, l’un et l’autre auront été des alliés majeurs dans l’histoire théâtrale du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Après plusieurs années consacrées au succès des opérettes du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi, Stan d’Haese contribue à la fondation de la Société d’art lyrique du royaume, seule société vouée à la production d'opérettes en Amérique du Nord. Ses productions sont à l’origine de plusieurs carrières internationales de plusieurs enfants de la région, que l’on pense à Jean-François Lapointe ou Marie-Êve Munger. Ceux-ci y ont fait leurs premières armes et tous deux y ont assumé la direction artistique. Quant à Stan, en plus de s’occuper des décors et de la technique, il a présidé son conseil d’administration de 1990 à 1997, déterminé, avec d’autres combatifs bénévoles, à maintenir vivante cette société d’art lyrique grâce à laquelle la population régionale a le privilège rare de voir chaque année un opéra-comique d’envergure et ce depuis 42 ans.
Tout autant que l’homme de scène, le professeur en arts visuels à l'école polyvalente Charles-Gravel de Chicoutimi-Nord s’investit avec une générosité qui provoque le respect et l’admiration de ses élèves et de ses confrères. Parmi eux, le sculpteur Daniel Dutil, plusieurs fois gagnant au concours Intégration des arts à l'architecture et à l'environnement, lui a rendu hommage en intitulant Les buts de Stan sa sculpture intégrée au stade de soccer de campus Notre-Dame-de-Foy à Saint-Augustin-de-Desmaures. Cette œuvre en aluminium résume la double passion de son mentor, ainsi qu’il qualifie Stan d’Haese, l’art et le soccer.
En effet, membre fondateur de l'Association régionale de soccer Saguenay–Lac-Saint-Jean, Stanislas en est le président de 1972 à 1986. Il est aussi membre au conseil d’administration de la fédération pendant un an. Perçu comme le père de ce sport dans sa région d’adoption, il se distingue par sa passion de l'arbitrage alors qu'il est officiel lors de huit Finales provinciales des Jeux du Québec. Sa détermination à défendre les régions périphériques du Québec auprès des dirigeants de Soccer-Québec lui vaut le surnom amical de Monsieur Éloigné. Il a quand même réussi à ce que la Coupe de Québec soit présentée au Saguenay en 1988. Intronisé au Temple de la renommée du Soccer-Québec en 2001, il le sera à celui du Saguenay–Lac-Saint-Jean sept ans plus tard.
Plus modestes seront les honneurs provenant du milieu culturel. Si ce n’est, une invitation à signer le livre d’or du 40e anniversaire du Centre culturel de Jonquière «À titre de pionnier de ce lieu de culture et pour sa contribution au milieu des arts, comme artiste, enseignant et exposant».
Certes, le soccer et les arts accaparent l’esprit de l’artiste, mais il sait mettre sa passion au service d’autres causes. Le père Noël des spectacles présentés devant des milliers de jeunes spectateurs au Théâtre municipal de La Baie n’hésite jamais à détourner ses rennes vers les enfants malades. Bénévole pour Leucan, il contribue à la présentation de la pièce Huit femmes de Robert Thomas produite et mise en scène par Ghislain Bouchard, en 2005 au profit de Leucan et, par la suite, en 2006, d’abord pour la collecte de fonds de l’Atelier de musique du Collège d’Alma, ensuite pour des organismes de soutien aux personnes en difficulté. Un dévouement qui honore cet homme exceptionnel lequel, cette même année, aura le cœur brisé au décès de son fils Didier. Pendant ce temps déjà bien tragique, il verra son grand ami Ghislain se battre contre son propre ennemi mortel, le cancer. Stan succombera le premier, le 4 mars 2009, suivi de Ghislain le 28 septembre suivant.
Stanislas d’Haese symbolise tout le dévouement, l’énergie, le talent et la foi qui caractérisent nombre de personnes investissant leur temps, leur talent, leurs connaissances afin de doter notre région d’une vie culturelle riche et inspirante. Nous lui devons beaucoup.
Le 7 juin 2014
STANISLAS D'HAESE
Enseignant et mentor en arts visuels
Artiste engagé qui a contribué à l’essor du théâtre et de l’art lyrique
fut reçu membre de l’Ordre du Bleuet
à titre posthume
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vendredi 20 juin 2014
Hommage rendu à Stanislas d'Haese sur vidéo au Gala 2014
Réalisation Ariel Laforge
POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET
L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.